À partir de la définition de « lieu » en tant que portion déterminée de l’espace, l’exposition propose d’interroger l’expérience concernant l’occupation d’un endroit précis par l’individu. La photographie en tant que trace de cette expérience élargit son appréhension par l’introduction d’un décalage espace-temps. En effet, le déplacement à la fois du site expérimenté et du moment vécu permet de dévoiler quelques fonctionnements de la perception.
Les travaux ici exposés servent d’exemples, parmi d’autres, d’une telle expérimentation. Ces oeuvres sont en effet proposées comme des ouvertures afin de susciter chez chaque spectateur sa propre réflexion. Elles permettent aussi de rentrer en contact avec des questionnements récurrents dans la démarche individuelle de chacune de ces deux artistes et qui caractérisent leur originalité respective.
Dans l’œuvre de Catherine Rebois, le choix des lieux photographiés est celui des lieux de transit : emplacements principalement de très grande fréquentation et reconnus immédiatement par leur fonction sociale. Le recours à la fragmentation pour la réalisation des images dévoile une volonté d’éclatement des perceptions figées. Son travail évoque ainsi à la fois un questionnement sur le fonctionnement de la perception en général et celle des endroits connotés.
Vera Röhm en revanche rassemble côte à côte dans un travail des images de lieux fréquentés et d’autres obtenues par des instruments scientifiques. Ainsi, le travail fait appel à des endroits visités et imagés. Par une autre démarche, l’expérience de l’occupation d’un espace précis et l’obtention de son image propulsent la réalisation d’une œuvre qui dépasse les notions habituelles de cadrage et de perception. .
Ces deux travaux démontrent les différentes approches qui peuvent surgir lors de l’investissement d’un lieu ainsi que l’usage que peut être fait de cette expérience. De l’enregistrement de cette dernière par la photographie, reste non seulement sa trace mais aussi une source de réflexion sur sa variabilité et sur son enrichissante complexité.
Adon Peres