Après avoir réalisé une série d’oeuvres associant le métal et la pierre au plexiglas, Vera Röhm entame vers le milieu des années 70 son cycle de sculptures intitulé « Ergänzungen ». Dans ce travail, le bois s’impose comme le matériau de prédilection. Les Ergänzungen sont constitués à partir des piliers de bois cassés sur lesquels viennent s’ajouter des moulages en plexiglas épousant la forme de l’élément naturel. Dans certaines pièces, divers modules en bois sont réunis par ce matériau plastique qui forme des angles donnant ainsi origine à des formes géométriques.
Les Ergänzungen frappent tout d’abord par le sentiment de dualité qui s’en dégage. L’idée de la coexistence de deux éléments de nature différente, l’acte de déconstruction et de construction, la vérification du simple et du complexe sont des notions qui s’installent immédiatement. Ces sculptures se placent volontiers sur le terrain des « frontières ». Et cela même dans l’espace parcouru par l’art vers le milieu du XXe siècle. Elles évoquent à la fois le caractère impersonnel et industriel d’un art que l’on nomme habituellement « minimal », tout en revendiquant l’expression d’un acte. De la même façon, les formes géométriques et concrètes extrapolent le questionnement pur de la plasticité pour faire place à celui plus universel du rôle de l’individu.
Adon Peres