L’art de l’animation, huitième art et demi et la vie
Le dessin, depuis la nuit des temps.
Les images mouvantes, depuis le 19ème siècle.
Puis, l’animation. L’animation, étymologiquement et concrètement, est bel et bien l’art de donner la vie. La vie est mouvement et dès lors que les images se mettent à bouger, elles vivent. Selon Charalambos Margaritis, si le temps est la matière première du cinéma, le mouvement est la matière première de l’animation.
Sketchpad (aka Robot Draftsman) date de 1963 : Ivan Sutherland, dans le cadre de sa thèse de doctorat au MIT, invente et décrit un programme informatique considéré depuis comme le précurseur des logiciels de conception assistée par ordinateur, ouvrant la voie aux interfaces homme-machine. Ancêtre des programmes d’aide au design, pionnier des « computer graphics », novateur, Sketchpad est aussi, pris au pied de la lettre, l’ensemble très classique de l’esquisse – sketch – et du bloc-notes – pad.
L’art de l'animation partage avec le cinéma le principe de l'accumulation mathématique des images. Là où le cinéma va créer l'illusion qu’un film, pour son spectateur, est une vision faite d’une seule image fluide évoluant avec l'intrigue, l’art de l’animation, pour sa part, ne cherche pas à masquer ce qu'il doit à cette accumulation, à cette superposition d’images dessinées ou de situations filmées. Là se fait la rupture ontologique entre le cinéma et l'animation, ces deux médiums seraient-ils en fait jumeaux techniquement parlant. Le cinéma fait oublier à son spectateur qu’il repose sur une accumulation d’images toutes différenciées, là où le film d'animation, lui, entend ne pas cacher au spectateur que chaque image qui le constitue est un tout auquel viennent s'ajouter d'autres « tout », d’autres images individualisées, chacune étant l’équivalent d'une case dans la bande dessinée. Quand le cinéma, techniquement, gomme sa nature mécanique, l’art de l’animation exalte celle-ci.
Extrait du texte de Barbara Polla