Tous disent la même chose,
mais autrement
Tous disent la même chose, mais jamais de la même façon. Pourtant, les dadaïstes et les maîtres certifiés de Fluxus, les penseurs de travers et les penseurs de rien du tout prétendent que la tête est ronde et qu’ainsi elle peut changer de direction et donc aussi de perspective. Car ce sont bien les perspectives qui déterminent notre image du monde – demande à la grenouille, à l’oiseau, demande au cavalier quel regard ils portent sur la nature, tu ne seras pas surpris. Plutôt ne pas être né que végéter dans un univers sans livres. Il n’y a peut-être pas grand monde qui soit de cet avis, mais assurément tout comptable, tout écrivain et critique, tout lecteur cultivé peut l’être. Pareilles choses, j’ai même entendu des lettres et des erreurs typographiques les chuchoter. Les livres de peintres, dans lesquels se trouve réunie sous les deux pages de couverture une suite de thèmes voisins ou une succession temporelle de créations, se célèbrent eux-mêmes. C’est parfaitement logique car chaque feuillet compte moins que l’ensemble. Les livres d’artistes en sont des parents proches, ils font partie des enfants adultères de cette forme artistique, bâtards, clebs, donc enfants de l’amour. « Hey you! Yes you, come closer, I show you something. I show you man’s fear in a handful of teeth. Look, I show you man’s joy in two hands full of ass. » Non, non, non, rien ne dérape ici, tout ça on peut le peindre ! Et au loin un chien aboie. Pourquoi peindre si c’est déjà écrit ? Le langage populaire le dit : « Un mot en dit plus que mille images. »