L’Apocalypse de Horst Haack s’articule autour du texte biblique du même nom rédigé par saint Jean à la fin du Ier siècle après J.-C.. Prenant en considération les écarts — temporel, historique et culturel — qui séparent la rédaction de l’Apocalypse de Jean et l’élaboration de son travail, Haack opère l’actualisation de cet ouvrage fort ancien et lui apporte un nouvel éclairage.
L’apocalypse, dont le nom provient du mot grec signifiant « révélation », est avant tout un genre littéraire dont le message, plus qu’au travers de paroles, est transmis par des visions. Similaires aux prophéties ou aux oracles, les apocalypses portent des messages d’espoir pendant les situations difficiles. Et comme ces dernières sont souvent liées aux conflits avec le pouvoir en place, les apocalypses constituent dans un langage actuel de véritables « tracts politiques ». Ainsi, l’Apocalypse de Jean écrite sous l’occupation romaine comporte de violentes attaques contre l’empire romain.
L’Apocalypse de Horst Haack est constituée par cent cinquante feuillets mesurant chacun 22 x 17 cm où s’opère l’interpénétration des passages du texte biblique et des images. Pour l’élaboration de ces dernières, Haack utilise différentes sources : presse quotidienne, affiches, cartes-postales, timbres, livres, reproductions d’œuvres d’art, dessins d’anatomie, etc. Ce sont des clichés recueillis intuitivement pendant des années puis réutilisés ici par l’artiste.
Haack reconnaît qu’il n’existe pas d’un côté le texte et d’un autre l’image. Conscient de leurs interrelations à savoir que tout texte lu suscite une image et que toute image perçue évoque un texte, l’artiste conçoit ces deux opérations de façon concomitante. En respectant leur autonomie respective, Haack cherche dans son Apocalypse à provoquer le déclenchement d’un phénomène qui se produit au travers de l’association de ces deux entités différentes. Convaincu qu’aucun texte n’a sa propre image, ainsi qu’aucune image n’a son propre texte, Haack ne s’évertue pas à « illustrer » un texte, mais davantage à l’ « imager ».
Dans cette exposition à l’Espace Topographie de l’art, l’Apocalypse de Horst Haack est présentée de deux façons : l’une, telle qu’elle fut exposée pour la première fois en 1999 au Kunsthaus de Zurich , c’est-à-dire, la totalité des feuillets réunis à l’intérieur de cinq panneaux mesurant chacun 225 x 54 cm ; l’autre, au travers de soixante-trois panneaux mesurant 146 x 112 cm reproduisant l’agrandissement de certains de ces feuillets. Un catalogue est publié à cette occasion ainsi qu’une brochure avec l’intégralité du texte de l’Apocalypse de saint Jean.
Adon Peres
(1) Weltuntergang & Prinzip Hoffnung, Kunsthaus, Zurich, exposition du 27 août au 7 novembre 1999 (c. Harald Szeeman).