le point de départ de cette exposition est le petit dictionnaire des femmes guerrières qui démarre de la sorte : « il fut, dans tous les temps et dans toutes les nations, des femmes remarquables par leur cou- rage et leur détermination dans des circonstances exceptionnelles et mouvementées, notamment dans les guerres. depuis la plus haute antiquité, les contemporains de telles héroïnes ont été interlo- qués par la relation de hauts faits qu’ils n’auraient pu auparavant attribuer qu’à des hommes particulière- ment virils. de là, sans doute, cette suspicion latente qui rôde autour des grandes guerrières qui ont mar- qué leur siècle de leurs exploits : s’agissait-il vrai- ment de femmes ou n’étaient-elles pas de ces êtres bizarres, mi-hommes, mi-femmes, que l’on traite pudiquement de viragos ? et pourquoi, si ce n’est pour ne pas encourir l’opprobre, prenaient-elles soin généralement de s’habiller en hommes ? ». de cette définition deux isabelle s’entretiennent. l’une, isabelle lévenez est artiste plasticienne et une véri- table guerrière sur bien des fronts. l’autre, isabelle de Maison rouge est historienne de l’art et défend depuis longtemps la cause des femmes dans le mi- lieu de l’art contemporain. Toutes deux choisissent les artistes qui participent à cette aventure et l’his- toire démarre.
le propos de l’exposition par le biais d’artistes femmes exclusivement, vise à rappeler qu’il n’a pas toujours suffi aux femmes artistes de se définir comme artistes pour être reconnues comme telles et si malgré une meilleure visibilité de leurs œuvres, la présence des femmes dans ce milieu de l’art contemporain reste confidentielle malgré de très importantes avancées dans ce domaine.
Cette exposition rend perceptible l’engagement de certaines artistes dans des causes qui ne recoupent pas nécessairement leurs intérêts ou exclusivement leurs préoccupations de genre. des « indociles » qui prennent une part active à l’action sociale et poli- tique, dans un espace public qui leur a été pendant des siècles, dans une large mesure, hostile, voire in- terdit. Comme s’il était impensable, aujourd’hui en- core, d’envisager leur participation autrement que comme l’usurpation de prérogatives masculines par la mise en concurrence des attributs de la virilité. la combattante, en définitive, serait-elle condamnée à rester un fantasme masculin ? « la première fois qu’on défend sa cause par les armes, on vit la lutte si complètement qu’on n’est plus soi-même qu’un projectile » disait louise Michel et cette phrase ré- sume bien l’attitude de ces femmes et artistes plas- ticiennes se comportant en guerrières.
Isabelle de Maison Rouge
(sur une proposition d’isabelle lévénez)