Dans le travail de Catherine Rebois, il s’agit du corps. Du corps, sous plusieurs aspects : matière, révélateur de sentiments et moyen de communication.
Parfois, la plasticité de certaines images ramène à l’esprit le souvenir de quelques chef-d’oeuvres renommés de l’art occidental. Corps allongés, encastrés les uns dans les autres à la façon maniériste, formes évoquant l’idéal classique, ou encore démembrement avant-gardiste font référence à différentes démarches artistiques employées à des périodes distinctes. Certes, ces rapprochements n’ont pas été volontaires, mais ils démontrent néanmoins un certain universalisme.
L’évidence, où forme et contenu ne peuvent être dissociés, le questionnement du travail se porte également sur les rapports entretenus entre extérieur et intérieur. Une attention particulière a été menée pour capter la manière personnelle dont chacun s’exprime avec son corps. Et, dans un contexte élargi, il est aussi question d’observer la communication qui s’établit entre individus. Dans l’ensemble, nous pouvons constater qu’un langage muet s’instaure. Langue dans laquelle aucun code n’est fixé d’avance, mais qui se développe au fur et à mesure que les signes émis par chacun deviennent respectivement reconnus. Ces signes sont aussi variables que peuvent l’être les circonstances dans lesquelles ils se produisent.
Il s’agit ainsi d’un travail qui s’inscrit dans la durée comme se déroule la connaissance de l’autre ; en perpétuel développement, aucune date limite ne peut être fixée quant à son achèvement. Cependant, dans la recherche de ce vaste et incommensurable langage, un point commun est présent continuellement. Selon la photographe, il est question « d’un travail entièrement tourné vers l’autre ». L’autre comme vision du monde. Une manière de l’appréhender.
Adon Peres