Vaporiser-créer, de la légèreté à la densité
L'exposition « AÉROSOLTHÉRAPIE » présente divers travaux plastiques de quinze peintres ou dessinateurs utilisant tous l'aérosol ou l'ayant utilisé – Jules Olitski, Roland Topor et Larry Deyab, de la partie, sont décédés respectivement en 2004, 1997 et 2016. Cette utilisation s'avère d'une nature diverse, protéiforme. Certains artistes ont recours à la bombe de peinture de manière exclusive, soit pour tracer, soit pour recouvrir la toile ou le support du dessin. D'autres, plus parcimonieux ou plus aventureux, en usent en complément de manières de peindre ou de dessiner plus conventionnelles. Le spray, l'acte de vaporisation, vient dans ce cas enrichir à la fois leur palette, la composition et l'effet stylistique produit.
L'aérosolthérapie, la technique de soin qui fournit à l'exposition son intitulé, consiste à faire inhaler à un malade, par nébulisation, des médicaments en suspension dans un gaz, et ce, pour acheminer dans ses voies respiratoires un micro-brouillard (l'aérosol au sens strict) de substances curatives. Rapporté à l'expression artistique, le principe aérosol-thérapeutique entend suggérer que la peinture aérosol, la Spray Painting, n'est pas sans effet sur l'état même de la représentation, picturale comme graphique. Légère par sa matière mais dense par ses effets, celle-ci peut agir comme une relance inventive, comme un renforcement, comme un étai bénéfique. Son pouvoir de dynamiser l'art pictural ou le dessin en fait un allié essentiel, fraternel, secourable au besoin, de la création plasticienne.
Texte Paul Ardenne